A-B. Comment êtes-vous arrivée sur le projet Maison Breguet?
S-V. J’ai rencontré Brice Errera lors d’un speed dating organisé par le VIA (valorisation de l’innovation dans l’ameublement) qui met en relation les artisans et les maîtres d’ouvrage notamment… je crois que c’était en 2016. Très peu de temps après cette rencontre, Brice m’a contactée pour ce projet.
A-B. Pour réaliser la fameuse mosaïque autour du bar?
S-V. Oui, c’est ça.
A-B. Combien de temps prend la réalisation d’un tel projet?
S-V. Il y a toujours deux périodes dans le travail de la mosaïque.
La première correspond à une phase de dessin qui intègre aussi l’étape de validation. Cette partie-là peut prendre pas mal de temps. Ensuite, il y a la phase de création et de fabrication. Et là, tout dépend de l’urgence du chantier. En l’occurrence ce chantier s’est un peu étalé dans le temps. En mosaïque, le travail est assez fragile… nous ne pouvons intervenir que lorsque le chantier est déjà bien avancé, voire presque terminé.
A-B. Comment avez-vous travaillé avec Brice?
S-V. Brice m’a tout de suite fait venir sur le chantier, rencontrer les intervenants. C’est important et j’apprécie cette manière de faire. Et puis ensuite, j’étais en constante communication avec Sagrada. Pour le bar, Brice avait quelque chose de très précis en tête. Une tapisserie d’Aubusson. Ensuite, il m’a laissée totalement libre de la réadapter. De mélanger des matières, d’intégrer des matériaux que je n’avais jamais travaillés en mosaïque auparavant, comme le bois ou le laiton par exemple.
A-B. Cette création, c’est du sur-mesure?
S-V. Oui, absolument. Et le sur-mesure nécessite une implication dès l’intention, dans la recherche de style. Brice m’a proposé de venir aux réunions, en amont. C’est une phase très importante. Il faut faire attention à bien se comprendre.
A-B. Quel souvenir garderez-vous de votre collaboration avec Galia?
S-V. Brice est resté très impliqué tout au long des deux phases. Il est très attaché aux détails. Vraiment ! Il tient à tout regarder, jusqu’aux poignées de portes. C’est agréable. Et puis c’est quelqu’un d’extrêmement sympathique. Ça paraît peut-être banal, mais ce n’est pas si évident.
A-B.Depuis quand travaillez-vous ?
S-V. J’ai ouvert ma première société en 2006. Et puis ensuite, je suis passée par l’architecture. Cela m’a permis de mieux comprendre, mieux appréhender les demandes.
A-B. Exclusivement à Paris?
S-V.Mes clients sont principalement à Paris mais on peut faire appel à moi dans le monde entier. La réalisation de mosaïques n’exige pas d’être dans un périmètre restreint.
A-B. Vous travaillez trop?
S-V. L’équipe est bookée jusqu’au mois de juin.
A-B.Vous oeuvrez seule ?
S-V. Il est impossible de faire ce métier seul. Je travaille avec des céramistes. Le nombre dépend des phases de travail. Il nous est arrivé, sur Maison Bréguet, d’être 4 ou 5 à plein temps sur presque trois mois.
A-B.Chaque céramiste à ses spécificités ?
S-V.En vrai, chacun doit savoir tout faire. Mais bien sûr, la personnalité entre en ligne de compte. La manière de couper un carreau en deux est différente selon chaque personne. Après c’est surtout une question de temps. Quelqu’un de plus à l’aise dans un exercice, dans la réalisation d’une forme, une fleur par exemple, mettra moins de temps à la faire, c’est tout. Dans un projet commun comme Maison Bréguet, chacun réalise un morceau du dessin. C’est à moi d’avoir à l’œil que l’assemblage ne soit pas perceptible.
A-B.Question de néophyte mais… quand on voit la beauté, l’exigence, la précision, de votre travail, on se demande si tout ça se fait fa- cilement… Il vous arrive de vous tromper? D’avoir à recommencer ?
S-V.Oui bien sûr… surtout lorsqu’on innove. Sur Maison Breguet, comme je vous le disais, j’ai intégré des matériaux que je n’avais jamais travaillés jusqu’alors. Le bois. Le laiton. À l’origine, les parties intégrées étaient en placage. Mais J’ai très vite compris qu’il ne fallait jamais rien faire en placage. Un bar se nettoie avec des machines. Le placage n’est pas suffisamment résistant. Une fois le travail terminé, il a fallu que je remplace toutes les formes en matériau massif. On l’a fait.